Est-ce que vous êtes plutôt stressée ou confiante quand vos enfants s’aventurent vers des activités potentiellement dangereuses ?
Pour ma part, je dirais que je suis plutôt confiante. Peut-être, parce que dans mon enfance, j’ai eu le droit d’essayer des choses “dangereuses” (voir la liste en bas). J’ai grandi dans un petit village dans la campagne et nous les enfants avions beaucoup de liberté. La plupart de notre temps, nous passions dehors à jouer dans la nature, relativement tôt sans la surveillance des adultes – et ne pas tous nos jeux correspondaient aux normes de sécurité !
En été 2018, ma sœur m’a prêté un livre* que j’ai bien aimé et qui a connu beaucoup de succès en Allemagne. Il a été traduit en français en 2019, avec une préface d’Isabelle Filliozat. Ce livre traite de l’éducation basée sur les besoins de l’enfant et la qualité de la relation. Dans un chapitre, les auteures parlent du danger et ça m’a particulièrement inspiré. J’ai alors commencé à écrire un résumé de ce chapitre (bien avant que j’ai pris connaissance que le livre a été traduit en français) et je le partage ici pour vous encourager à laisser vos petits faire un peu plus de choses “dangereuses”.
Les enfants sont naturellement attirés par le danger pour élargir leurs domaines de compétences.
L’envie d’explorer son environnement, d’avoir de plus en plus de contrôle sur son corps et d’élargir ses compétences fait partie du plan naturel du développement. Chaque enfant s’approche petit à petit et selon son rythme aux choses dangereuses pour se dépasser. Un enfant qui arrive à dépasser sa peur et de réussir un enjeu qu’il s’est posé, aura vécu un succès et se sentira compétent. L’évaluation d’une situation (faisable ou trop dangereuse) est une compétence qui s’acquiert progressivement, d’où l’intérêt de laisser les enfants s’entraîner dès qu’ils sont tous petits. De plus, avoir une compétence d’évaluation solide réduirait énormément le risque de blessure (Hüther/Quarch : Rettet das Spiel ! Weil Leben mehr als Funktionieren ist. btb 2018).
Les jeux dangereux.
Une psychologue norvégienne, Ellen Sandseter, a étudié le comportement des enfants par rapport aux “jeux risqués” et elle a trouvé que tous les enfants du monde sont naturellement attirés par des enjeux comme : les éléments de la nature, de grandes hauteurs, de grandes vitesses, des outils dangereux, des jeux de chasse, cache-cache ou de bataille et d’explorer du terrain inconnu. Grimper les arbres, balancer sur un mur, sauter d’une grande hauteur, courir, faire du vélo le plus vite possible, s’approcher de l’eau, sont des activités dans lesquelles les enfants peuvent expérimenter et élargir leurs limites, se confronter à la peur et développer leurs compétences physiques et intellectuelles.
Les enfants n’ont pas beaucoup de contrôle sur leur vie et évoluent d’une phase de très grande dépendance en étant bébé, vers de plus en plus d’autonomie. Un facteur clé dans l’apprentissage de l’autonomie est de laisser les enfants librement expérimenter avec leur peur. Les laisser reculer sans honte si la tache ou l’enjeu paraît trop difficile pour le moment. Attendre patiemment le moment où ils auront envie de s’y remettre pour essayer une nouvelle fois, si cette fois-ci ils réussissent.
Chaque défi que l’enfant se lance et qu’il réussit, déclenche dans son cerveau une sécrétion d’hormones de bonheur, un système de récompense inné. Ainsi, en maîtrisant régulièrement de petits dangers, l’enfant peut se construire un sentiment de compétence, si important pour la confiance en soi.
Liste incomplète des actions qu’un enfant entre 5 et 10 ans devrait pouvoir faire :
- aller seul chez le boulanger ou le petit magasin du coin pour acheter une bricole
- aller seul à l’école
- aller à une aire de jeux avec des copains, mais sans les parents
- faire du vélo dans un rayon défini
- grimper un arbre
- balancer sur un mur
- grimper au-dessus d’un mur ou d’une cloison
- glisser sur une rampe d’escalier
- allumer une bougie
- cuisiner
- couper des aliments avec un couteau qui coupe bien
- sculpter du bois
- rester seul à la maison
- construire un barrage
- repasser un vêtement
- utiliser des outils
- passer une nuit dans une tente dans le jardin, seul ou avec des amis
Ce sont quelques suggestions d’activités pour aider vos enfants à développer leur autonomie et leur sens de compétence. Certains d’entre eux requirent malgré tout la présence d’un adulte, comme par exemple cuisiner ou allumer une bougie.
Notre peur en tant que parent
Parfois, faire confiance à notre enfant nous demande de dépasser nos propres peurs. Quand mon ainé avait sept ans, par exemple, il avait réclamé déjà plusieurs fois d’aller seul à l’école le matin. Le chemin pour y aller est court, mais on passe le long d’une route où les voitures roulent vite. Le laisser partir seul me faisait peur. Néanmoins, j’entendais que pour lui c’était une épreuve importante de réussir seul ce trajet. Un matin, ses frères n’étaient pas encore prêts et l’école allait bientôt ouvrir ses portes. Je l’ai alors laissé partir malgré mon inquiétude. Le soir, il a raconté plein de fierté à son père qu’il est allé seul à l’école et qu’il a bien réussi à traverser la route !
Ce sont ces petites réussites qui aident les enfants à se construire une confiance solide en leurs capacités, et leur faire confiance pour qu’ils puissent vous montrer à quel point ils sont déjà compétents est très important pour leur développement.
Christine
Sources :
*Danielle Graf & Katja Seide : Das gewünschteste Wunschkind aller Zeiten treibt mich in den Wahnsinn, Gelassen durch die Jahre 5 bis 10, Beltz 2018
en français : Danielle Graf & Katja Seide : Cet enfant qui nous épuise (mais que nous aimons tant !), Pocket 2019
Christine est docteur en Biologie, hypnothérapeute et Praticienne en HypnoNaissance®. Après avoir subi son premier accouchement, elle était décidée de ne pas revivre un enfantement médicalisé et dirigé par les autres pour son deuxième bébé. Elle a trouvé la méthode HypnoNaissance®, un programme d’éducation prénatal pour vivre un accouchement confortable et non-médicalisé grâce à l’auto-hypnose, qui lui a permis de vivre la naissance d’une autre manière. Aujourd’hui, elle transmet avec passion les connaissances et outils qui permettent aux parents de se sentir confiants et bien préparés pour leur enfantement.
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